Sagesse du pluvian
+2
mikael
Cochonfucius
6 participants
Page 36 sur 40
Page 36 sur 40 • 1 ... 19 ... 35, 36, 37, 38, 39, 40
Fleur de mémoire
Formes, couleurs et voix, du passé ramenées
Quand les doigts de la pluie résonnent sur le toit,
Figure d’autrefois faiblement dessinée
Par un esprit songeur, est-ce moi, est-ce toi ?
C’est une lettre aussi, jadis acheminée
Vers une autre maison ; et certains soirs, je crois
La trouver sur la chaise ou sur la cheminée,
Sur la table de nuit, ou dans d’autres endroits.
La mémoire connaît les avoirs et les dettes ;
Les divers éléments qu’elle garde ou rejette
Sont tenus par ce fil qu’au labyrinthe on suit,
Et ceux que l’on croirait d’une importance moindre
Des plus graves d’entre eux ne se peuvent disjoindre,
Cent mille souvenirs ont dansé dans la nuit.
Château d’inframonde
En ce tiède inframonde, il n’est pas de sommeil,
Les démons sont actifs dans leur château d’ivoire ;
Un ténébreux serpent de sinistre mémoire
Se souvient d’un beau fruit mûrissant au soleil.
Aux quartiers de banlieue l’inframonde est pareil ;
Je pourrais donc y vivre, ou bien, je veux le croire,
Car je suis familier de ces décors sans gloire
Issus d’un rêve noir sans espoir de réveil.
J’écoute les leçons d’une démone blonde
Qui veut mettre en repos mon âme vagabonde,
La noirceur du décor se reflète en ses yeux.
Je n’ai pas de regrets, ma vie ne fut qu’un songe
Et puisque je l’écris, ce n’est pas un mensonge ;
On dit la vérité, souvent, quand on est vieux.
Arbre du capitaine
À Moulinsart est un arbre de vie ;
Car Tournesol, par son entendement,
À le greffer réussit grandement,
Cher professeur ! Le monde nous l’envie.
Toute sagesse est par lui poursuivie ;
Il peut veiller sans craindre les tourments,
Ce grand chercheur, ce héros de roman,
Cet inventeur, ce maître en alchimie.
Vivant ainsi, le don que l’on acquiert
Pourra fleurir si la vie le requiert ;
Les découvreurs ne craignent point le blâme.
De longs traités furent par lui signés
Où sont de beaux résultats consignés,
Dedans lesquels est un peu de son âme.
Planète Avril
Sur la planète Avril sont des humains placides
Qui rêveraient pourtant d’être des chevaliers
Pour voir cet univers à leurs lois se plier ;
Mais ils sont abrutis par leur climat torride.
Il ne cultivent rien dans leurs steppes arides ;
Ils n’ont point de pommiers taillés en espalier,
N’élèvent pas non plus d’animaux familiers,
Leur vie est sans objet, leur existence est vide.
Ils maîtrisent pourtant la plume et le pinceau ;
De musique classique ils jouent quelques morceaux,
Cependant, tout cela les rend mélancoliques.
Je ne les juge pas, ni ne leur donne tort,
Car leurs jours ont aussi des côtés bucoliques,
Sans beaucoup de travail et sans la soif de l’or.
Chat qui rêve
Il rêve qu’on l’invite à manger des poussins ;
Mais un coq menaçant soudain vers lui se penche,
Alors il n’a plus qu’à sauter sur une branche
Et s’y tenir perché comme un sphinx abyssin.
Puis il rêve qu’il dort, blotti sur un coussin
Qui par magie devient un champ de neige blanche,
Mais il s’en va plus loin, craignant les avalanches,
Puis il croit s’éveiller près de mon traversin.
Une gaîté féline emplit son âme sombre,
Ses deux yeux, brusquement, ont illuminé l’ombre,
C’est le lever du chat, c’est le moment des jeux ;
D’autres songes viendront, dans un autre registre,
De jardins assombris, de matins orageux ;
Le chat reste serein, dans son rêve sinistre.
Bannière du royaume
En ce pays sont les meilleurs des hommes,
Fort braves gens, chercheurs de vérité ;
De leur lignage ils n’ont rien hérité,
N’ont jamais vu la plus modeste somme.
Ils sont heureux de cueillir une pomme,
De savourer la chaleur des étés ;
Dans leur labeur, ils savent s’arrêter ;
Quant à leur dieu, c’est Bacchus qu’ils le nomment.
Ils ont la pêche, ils sont toujours farauds
Grâce au pinard des grandes vinothèques ;
Et leur bannière est celle des héros.
Les taverniers sont pour eux des évêques,
Les charcutiers servent de généraux :
Ah, s’ils pouvaient m’accepter pour métèque !
Cloches de jadis et de naguère
Sonnez pour moi, cloches de mon enfance ;
Car votre son, comme dans le passé,
Peut rétablir les liens qui sont cassés…
Vous l’avez fait, dans plusieurs coins de France.
Sonnez pour moi, cloches de mon errance,
De mes écrits, des livres entassés ;
Un jour d’école, il n’est pas effacé,
De nos leçons nous avons souvenance.
J’entends sonner une cloche bretonne,
C’est élégant, c’est un son qui m’étonne,
J’entends sonner la cloche de l’oubli.
En traversant la place des Quinconces,
Je me souviens des chemins pleins de ronces
Qui, pour toujours, de douceur sont emplis.
Maison capétienne
Les comtes de Paris se trouvent à sa tête ;
La noblesse française un maître se cherchait,
Il leur en fallait un qui ne fût point trop bête,
Un oracle annonça que Capet les aimait.
Le royaume s’accrut au milieu des tempêtes,
Le roi de son pouvoir fort sagement usait ;
On y vit des soldats, des prêtres, des poètes,
Un modeste bouffon qui la Cour amusait.
Je connais des bouffons qui sont plus ou moins drôles,
Il en est assez peu qui sont faits pour ce rôle.
Plaisanter, ce n’est rien, il faut trouver de quoi.
Cette maison sacrée, qui vit de poésie,
Sut accorder l’Histoire avec la fantaisie ;
Nous sommes héritiers du rire de ses rois.
Vendangeur à cornes
Voici le démon sans histoires,
Il ne doit pas t’effaroucher;
Ta vigne, il aime la toucher,
Il croit que c’est son territoire.
Sa vendange est aléatoire,
Grappiller n’est pas un péché ;
C’est vrai qu’il aime bien tricher,
Ce sont de modestes victoires.
La grive ou le merle joyeux
Chantent pour ce grand bouc soyeux
Qui parmi les pampres s’ébroue ;
Plus loin, des insectes épars
Ont découpé une oeuvre d’art
Dans les vertes feuilles qu’ils trouent.
Lys de sinople
C’est un palmier maudit qui porte des fruits noirs
Dont Ève fut maudite et sa nièce Ophélie ;
Un diable exaspéré d’amour et de folie
Versa plus d’une larme au creux de son mouchoir.
Cet arbre est sans image, et nul ne le peut voir,
Sauf quelques cardinaux qui sont en Italie ;
Même, ils l’ont dessiné, de leur encre pâlie,
Baigné de pleine lune et de rosée, le soir.
Il se nourrit d’horreur et de plaisir sublime,
Et comme apéritif, il mange quelques rimes,
Un peu de savon noir, de la paille de fer ;
Un jour ce sombre bois périra dans les flammes,
Et nous n’entendrons plus la chanson de son âme,
Ce sera désormais un arbre de l’Enfer.
Ineffable Trinité
Hypostases de Dieu, que savons-nous de vous ?
Par votre volonté, au Ciel et sur la Terre,
Le sel reste du sel, la pierre reste pierre,
Cette stabilité, c’est un bienfait pour nous.
Par votre volonté l’agneau nourrit le loup,
Le soleil éclatant chauffe les fleurs de serre,
L’éclair est capturé par le paratonnerre,
Le mauvais temps s’achève, et survient le temps doux !
Par votre volonté, ce coeur dans ma poitrine,
(Qui est tout juste gros comme une mandarine)
Me permet de souffrir, de vivre et de rimer ;
Et je trouve, avant tout, que la planète est belle :
Bien qu’étant le décor d’aventures cruelles,
C’est autre chose aussi, c’est un lieu pour aimer.
Arbre ténébreux
Ce bel arbre naquit dans une forêt sombre ;
D’un inframonde obscur on y franchit le seuil
Sur lequel maint guerrier a perdu son orgueil,
Qui plutôt vainement de ses armes s’encombre.
C’est un arbre parmi les végétaux sans nombre,
Il connaît le grand ours, il connaît l’écureuil,
Aux petits des corbeaux il fait un bon accueil,
Il est calme et serein, ce citoyen de l’ombre.
Le bûcheron le tranche, il exerce son droit,
Puis il boit du vin rouge en soufflant sur ses doigts,
Et nos meubles sont faits de ramures défuntes.
Auprès du clair foyer, nous aimons nous asseoir,
Le tabouret de bois ne porte nulle empreinte
De ceux qui ont vécu près du tronc, dans le noir.
Ressource inépuisable
La corne d’abondance est fertile en hiver,
Donnant plus de produits que n’en connaît ma plume,
La gourmandise aux yeux des commensaux s’allume,
En la cheminée brûle une flamme d’enfer.
D’autres pour se nourrir préfèrent payer cher,
À chacun son budget, à chacun sa coutume,
D’autres cultiveront le goût de l’amertume
(Ces derniers sont un peu masochistes, c’est clair).
Au jardin les oiseaux dans une grande allée,
Picorent à loisir et prennent leur volée,
Ces modestes petits, ces enfants de l’azur ;
La corne d’abondance a fourni toutes choses,
Du fromage et du pain, des livres et des roses,
Du bon vin d’Aquitaine avec quelques fruits mûrs.
Lion d’azur insouciant
Il ne croit pas au Dieu de l’Ancien Testament,
N’en pense même rien, mais honore quand même
Le fils du charpentier, on peut dire qu’il l’aime,
Lui dont le petit livre est plus beau qu’un roman.
C’est un fauve sans haine et sans rugissements,
Amateur de boisson, savourant des poèmes
Sous le soleil ardent et sous la lune blême ;
Le désert est pour lui un parfait logement.
Il n’a jamais souffert d’une ardeur militante,
Ni jamais prononcé de phrases éclatantes,
Ni jamais massacré la gazelle aux beaux yeux ;
Il aime se baigner dans une eau rafraîchie ;
Il aime aussi peigner sa crinière blanchie
Et rire de sa vie à la face des cieux.
Roseau méditant
Ce roseau pousse auprès d’une mare ignorée,
Il aimerait s’instruire et ne sait pas comment ;
Un Bouddha pourra-t-il l’éclairer brusquement ?
Verra-t-on sur ces bords une muse inspirée ?
Roseau, la connaissance est source de tourments,
La mémoire faiblit quand elle est encombrée :
Écoute simplement ta grenouille adorée
Dans l’éclat du soleil qui baisse lentement,
Puis, vois cette clarté par la brume effacée,
Reste, autant que possible, un roseau sans pensée,
Tu n’as pas à chercher la clé de l’Univers.
La soif d’érudition brûle comme une une fièvre,
Évite de porter cette coupe à tes lèvres :
Le savoir donne froid, c’est comme un vent d’hiver.
Planète Arc-en-ciel
Sur cet astre, toujours, il règne un temps d’automne,
Ses habitants sont lents, ils sont graves et doux ;
Sur leurs continents règne un maître aux cheveux roux,
Roi sans nul courtisan, monarque sans couronne.
Ils prisent les bienfaits de Flore et de Pomone,
Ainsi que de Bacchus, étant hommes de goût ;
La nuit, dans la forêt où chantent les hiboux,
Les meilleurs sont instruits par des muses friponnes.
Ils ne sont pas à plaindre, il ne leur manque rien,
Jamais ils ne voudraient devenir des Terriens ;
Ayant de meilleurs fruits, de meilleures bouteilles,
Aimant leur Créateur et son cousin Logos,
Étant même parfois favorisés d’Éros,
Ils s’endorment sans crainte, et sur leurs deux oreilles.
Flamme d’inframonde
Bien trop chaude est pour moi cette flamme qui danse,
Même Dieu ne pourra l’éteindre désormais ;
Il vaudrait certes mieux n’en approcher jamais,
Je ne commettrai point cette grande imprudence.
Pour combustible elle eut un bois de transcendance,
Un démon pour gardien qui sur elle soufflait ;
Ne la regarde point, ni même son reflet,
Car tu serais sa proie, et c’est une évidence.
Au long des jours d’enfer la flamme brûlera,
Au long des jours terriens le Diable en parlera ;
Feu de l’éternité, grand bûcher du mystère.
Restons près du jardin, à l’ombre de la Croix ;
En cette fin d’hiver, le temps est un peu froid,
Elle nous chaufferait, mais nous n’en voulons guère.
La Reine Avette
Une ruche va bourdonnant
Sans craindre le froid de l’automne,
Le miel du trèfle provenant
Nourrira quelques faims gloutonnes.
La reine songe maintenant,
Parmi ses filles qui chantonnent,
Aux jours sans rien de surprenant
Que suivent des nuits monotones.
Car son envol, c’est du passé
Dont fut son amant fracassé ;
En l’évoquant, son coeur se serre.
Plus question d’aller dans le ciel,
Car nous sommes, sur cette terre,
Le troupeau d’un marchand de miel.
Reflets d’inframonde
Plus d’un démon fut ange, en sa prime jeunesse ;
Et ce fut une vie d’espérance et d’amour ;
Que leur en reste-t-il ? trop lointains sont ces jours,
Ils n’en savent plus rien, ces maîtres de tristesse.
Les enfers sont peuplés de ces corps en détresse
Qui pensent que le mal dominera toujours ;
Leur âme se morfond et leur coeur reste sourd,
Ne leur en parle point, la vérité les blesse.
L’antichapelle est là, dans la fosse profonde,
Où l’on entend chanter les prêtres d’inframonde,
De leur Pater Noster se souvenant parfois.
Or, ces anges perdus n’ont jamais eu de mère :
Un Salve Regina ne serait pas sincère
Si l’un d’entre eux voulait le dire à pleine voix.
Sainte Florence
Dieu se souvient de toi, Florence au teint de rose,
Toi qui si fréquemment as surmonté le mal ;
Il peut voir que ton âme est une fleur éclose
Malgré le ciel obscur et le froid hivernal.
Tu connais l’Écriture et les savantes gloses,
Celles que mit en oeuvre un esprit monacal ;
Tu connais l’Adversaire et ses métamorphoses
Et les moindres recoins du domaine infernal.
Tu n’as jamais commis le péché de luxure,
Ni laissé triompher le diable tentateur ;
Nous reconnaissons là ta vaillante nature.
Lorsque redescendra le Fils consolateur,
Il t’accompagnera, sans te laisser seulette,
Vers un jardin magique où les anges volettent.
Manoir de la mouette
Vers le Septentrion, que l’aquilon ravage,
Il est un vieux manoir qu’emplissent des trésors ;
Son architecte fut un vénérable porc,
Et la Dame des lieux, c’est la mouette sauvage.
Cette vaste contrée où nul n’est en servage,
Si tu voulais t’y rendre, il faudrait un effort,
Sauf si tu sais voler, si tu prends ton essor,
Ou bien si tu gravis les rochers du rivage.
Cet oiseau peut narguer la tempête démente
Et peut même planer au coeur de la tourmente ;
Son âme sans défaut n’en sera pas meurtrie.
Or, son esprit voyage au cours de son sommeil,
En rêve parcourant sa nouvelle patrie :
Un paisible jardin que baigne le soleil.
Dame de l’Ambre
Dans l’ambre on peut trouver un insecte, un poisson,
Cette dame écoutant qui leur parle à voix basse ;
C’est d’un éclat divin que rayonne sa face,
Mais je sais que son coeur est plus froid qu’un glaçon.
Or, la dame, parfois, ne profère aucun son,
Mais peut communiquer, d’un geste plein de grâce,
Avec les animaux que sa grande âme embrasse ;
Ils en seront charmés comme d’une chanson.
Être piégé dans l’ambre est un titre de gloire,
Car les âges futurs auront de vous mémoire,
Et vous ne serez point en poussière réduits.
Cette dame seulette, attend-elle son prince ?
Il surgira peut-être, un beau jour, une nuit,
Apportant des trésors d’ambre de sa province.
Dame du monastère
De la communauté la dame est cellérière
En un terroir normand, non loin de Cerisy ;
Elle sait proposer des breuvages choisis
Aux moines pleins d’ardeur, qui n’en refusent guère.
Sachez, si vous trouvez la chose singulière,
Que de cette exception le Pape fut saisi,
Lequel a répondu : « Mes enfants, allez-y,
Cela fera plaisir à Jeanne, la guerrière. »
Les moines de ce lieu ne sont pas dépensiers,
Tu peux le demander à leur brave caissier ;
Sobre est leur appétit, car ce sont des poètes.
La dame en les servant plaisante avec entrain
Qui de leur bonne humeur toujours est satisfaite ;
Surtout quand elle entend leurs amoureux quatrains.
Le seigneur Galliforme
Sitôt qu’il a cru voir un renard, il se cache ;
Il n’est de ces guerriers, leur frayeur surpassant,
Qui frappent l’adversaire avec des coups puissants,
Il veut rester tranquille, à son calme il s’attache ;
Admiré cependant, aimé sans qu’il le sache
Des poules dont toujours le désir va croissant,
Il n’a jamais été un prince languissant,
Préférant s’investir en de modestes tâches.
Merveilleux galliforme ! Il semble fort heureux
D’arpenter le décor sans tomber amoureux,
Sa libido, dit-on, n’est plus qu’une relique.
Mais c’est un bon convive, il n’est pas inhumain,
Ce seigneur vieillissant n’est pas mélancolique,
Quelquefois caressé par une douce main.
Licorne-ermite
Cette licorne vit loin des vastes cités ;
Elle a pour résidence un abri de fortune
Dont la décoration me semble peu commune ;
Par elle seulement ces lieux sont habités.
Les gens ne font pas d’elle une divinité
Comme le sont pour eux le soleil et la lune ;
Ils ne l’assiègent pas d’oraisons importunes,
Ni ne montrent non plus trop de curiosité.
Que nous racontes-tu, licorne peu loquace ?
Des combats de jadis reste-t-il une trace ?
Entendant la question, cet animal s’est tu.
Ne l’interroge plus, ça n’en vaut pas la peine,
Ne sollicite plus la licorne sereine
Qui de discrétion fit sa première vertu.
Page 36 sur 40 • 1 ... 19 ... 35, 36, 37, 38, 39, 40
Sujets similaires
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
Page 36 sur 40
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum