Sagesse du pluvian
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mikael
Cochonfucius
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Colimaçon patient
Je sais que mon chemin doit me conduire à Rome ;
Je ne sais pas si j’ai la vitesse qu’il faut,
Car je suis un peu lent, c’est mon moindre défaut,
Je ne suis certes pas dégourdi comme un homme.
Mais je suis plus têtu qu’une bête de somme,
Ma maison n’étant pas plus lourde qu’un chapeau.
Si je traîne mon ventre, ainsi font le crapaud
Et cet aimable ver, lequel lombric se nomme.
D’ailleurs, plus d’un déboire attend celui qui court
Et le trajet qu’il suit n’est pas toujours très court,
Puisque souvent la route en obstacles abonde.
J’aime le paysage et j’aime chaque lieu,
Je dresse mon oreille et je darde mes yeux,
Moi, le colimaçon le plus patient du monde.
Godet d’azur
C’est lui qu’on doit vider aux jours de grande fête ;
L’échanson le remplit de son geste assuré.
Sur l’antique bouteille un scribe a figuré
«Hoc est sacramentum», parole d’un prophète.
Arrosant la victoire et noyant la défaite,
Mais conservant toujours un débit mesuré,
Les convives oublient les labeurs endurés
Ainsi que les tourments d’une vie imparfaite.
Ils songent au destin de Bacchus renaissant
Qui triomphe, entouré de silènes puissants,
Comme un bois vert renaît d’une forêt brûlée.
Presque sobre est resté l’ascète méditant,
Mais il profite mieux de la voûte étoilée
Quand il peut déguster ce nectar éclatant.
Planète Nécropole
L’écosystème a dit : «Que le trépas y soit !»
Et les voilà tous morts, les fous comme les sages ;
À nul dieu cependant ils ne firent outrage,
Car ils avaient toujours prié comme il se doit.
Les planètes se font nécropoles, parfois,
Où l’on peut déchiffrer, en de nombreux langages,
Tantôt une épitaphe et tantôt un hommage ;
Tombeau du pauvre bougre et sépulcre du roi.
Plus loin dans l’Univers, d’autres soleils s’allument,
D’autres littérateurs ont apprêté leur plume
Pour conjurer le temps qui file entre leurs doigts.
Là-bas dans l’inframonde, on entend quelques rires,
Mais ce n’est pas cela que je voulais décrire :
Le tableau est trop sombre, aussi, pardonne-moi.
Balance d’azur
Sage est ton jugement, balance inanimée !
Tu dis ce qui est vrai, sans haine et sans amour,
À la gravitation tu as été formée
Pour annoncer les poids, la nuit comme le jour.
Tu peux tout soupeser, sauf, bien sûr, la fumée,
Tu renseignes la dame en ses légers atours ;
Tu ne dépares pas nos salles de séjour,
Même si tu t’y vois rarement réclamée.
Balance, tu nous viens d’une divinité
Qui jadis t’instruisit avec solennité
Et dont l’autel sacré refuse la paresse.
Qui soigne sa santé se tient à ton abord
Car en toute saison ton verdict l’intéresse,
Toi qui vins pour juger les vivants et les morts.
Oiseau de la gadelle
L’oiseau de la gadelle est un oiseau que j’aime ;
Il vit dans mon jardin, il sait ce qui est bon,
Il imite les voix tout en restant lui-même.
J’aimerais bien avoir la moitié de ses dons.
Il a construit son nid auprès d’un petit pont,
Pour lui, l’humidité, ce n’est pas un problème ;
Satisfait d’observer la danse des poissons,
Il en fait de son chant le prétexte et le thème.
S’il plonge dans les flots, il ne boit pas la tasse,
Car il est familier de ce courant qui passe
Depuis bien des années au-dessous de chez lui.
Jamais il n’est pressé comme un homme d’affaires ;
Il saisit les instants, il goûte l’éphémère,
Heureux quand vient le jour, heureux quand vient la nuit.
Ambimatrone
La grande ambimatrone a des regards pensifs,
Surtout quand elle écoute une chanson bretonne
Dont le langage simple et le son monotone
Sont portés dans les airs par un barde poussif.
Tu ne lui verras pas de gestes compulsifs,
La paix règne en son âme, et la brise d’automne ;
Elle vit sans émoi, presque rien ne l’étonne,
Elle qui ne craint pas les discours corrosifs.
La grande ambimatrone est grave, mais pas triste ;
La noirceur en son coeur jamais on ne dépiste
Ou bien, à la rigueur, à titre de loisir.
J’aime bien rencontrer cet être insaisissable ;
Dans les jours où ma vie coule comme du sable,
Sa présence apaisante est comme un frais zéphir.
Voyage cosmique de l’oiseleur
Il quitte son logis dont le plafond est bas,
Il se sépare aussi des disciples qu’il aime,
Il doit s’en aller loin du solaire système
Pour rejoindre un endroit que tu ne connais pas.
C’est un être d’errance et non pas de combat,
S’éloignant de la Terre et de la Lune blême.
Au long de cette route il compose un poème
Qui parle de la vie et surtout du trépas.
Il n’a pas pris pour but une vaste planète
Mais plus modestement, la Lune des Fauvettes :
Sa rutilante nef en connaît le chemin.
S’il gagne cet endroit, ce n’est point par caprice,
C’est parce qu’un grand scribe écrivit de sa main
Qu’il devait rencontrer l’Oiselle Impératrice.
Zef et Antizef
C’est d’Éole que Zef aux jours d’antan naquit,
Ce fut auprès d’un pont qui franchit un grand fleuve ;
Ce petit dieu soufflant passa par des épreuves
Et son peu de savoir fut rudement acquis.
Antizef, quant à lui, est fils d’on ne sait qui,
Peut-être de Chronos et d’une sombre veuve.
Il fut presque charmant quand son âme était neuve,
Transportant des chansons et quelques mots exquis.
Ils se sont rencontrés, leurs deux fureurs déferlent,
C’est le combat des airs, c’est la guerre des vents,
C’est un affrontement qu’on ne voit pas souvent.
L’arène est une plaine et l’arbitre est un merle,
De nuages obscurs ils se vont ombrageant,
Poussant d’horribles cris pour effrayer les gens.
Manoir girondin
Au manoir girondin sont des scribes qui lisent,
Passant en ce plaisir l’hivernale saison ;
Buvant un peu de vin, se chauffant aux tisons,
Faisant fort peu de cas de leur matière grise.
Ils écrivent un peu, ils disent des bêtises,
De blasons éclatants ils ornent la maison ;
En la cuisine sont des gâteaux à foison,
Ce que, me semble-t-il, aucun d’eux ne méprise.
Ils ne sont certes pas successeurs de Platon
Ni de nul grand penseur, mais des bardes qu’ils aiment,
Et pleins de bienveillance envers les marmitons.
Jamais il ne voudront d’une sagesse extrême :
Largement leur suffit l’amour de Margoton
Et aussi, certains jours, du petit chat lui-même.
Ambicalice
Voici l’ambicalice, un ingénieux système :
Si l’on y prend du vin, on n’en verse qu’un doigt,
Ce qui déjà pourrait inspirer des poèmes,
Quand ce sont de grands crus, comme en boivent les rois.
Ces vins sont excellents pour les hommes de foi,
Ce poète lui trouve un goût de chrysanthème ;
Le fils du charpentier, avant qu’il fût en croix.
En a bien profité, les disciples de même !
Cela réconcilie les démons et les saints ;
Les premiers, bien souvent, oublient leurs noirs desseins,
Les seconds font par là mûrir leur fantaisie.
Compère ambicalice, à toi cette oraison,
Tu as mis du soleil dans mon humble maison,
Ce modeste logis meublé de poésie.
Antigriffon
Voici l’antigriffon, l’éteigneur de flambeaux,
Le rôdeur souterrain, le mangeur de cannelle ;
On dirait qu’il invente une danse nouvelle,
Lui dont un inframonde abrita le berceau.
Il aime contempler l’intérieur des tombeaux
Car il trouve du charme aux dépouilles mortelles ;
Puis, il connaît la Mort, sa compagne éternelle,
Aussi bien, semble-t-il, que son frère corbeau.
En inframonde il vit sa paisible vieillesse,
Ce fut également le lieu de sa jeunesse,
Un monde très obscur et plutôt rigoureux.
Il boit les eaux du Styx, il se nourrit de cendres,
En a-t-il du plaisir ? Il n’est pas malheureux :
À devenir griffon, pourrait-il condescendre ?
Herbe à vraie potion
Voici l’herbe enchantée du druide charitable ;
Elle guérit les maux qui peuvent t’affliger,
Te rend ton ventre plat quand tu as trop mangé,
Bref, c’est un végétal en tous points profitable.
Mais son mode d’emploi est vraiment redoutable :
Les erreurs de dosage, il les faut corriger,
Et savoir que du druide on reste l’obligé,
Qui, fort heureusement, est assez équitable.
Pour remettre à ton crâne un ornement pileux,
Il veut un peu d’argent, ce n’est pas scandaleux,
Surtout qu’en la matière il n’a nul monopole.
Moi, je lui veux offrir ce poème votif,
Sans avoir pour cela ni raison, ni motif,
C’est un texte gratuit, comme une parabole.
Aigle garde-chasse
C’est l’aigle garde-chasse, un valet redoutable,
Traquant le carnivore et bannissant le loup ;
Même un rusé rongeur, minuscule filou,
Par lui sera saisi, car c’est inévitable
Mais il n’en mange point, ce n’est pas à son goût,
Pas plus qu’il ne mordrait le veau dans son étable ;
Il préfère avaler les reliefs de la table,
Un morceau de fromage, un reste de ragoût.
Il aime s’élever de quatre cents coudées
Pour, s’approchant du ciel, y trouver des idées
Ou pour suivre d’en haut les coursiers au galop ;
Il semble être porteur d’un poème ou d’un drame,
Car son coeur est jaloux, tel celui d’Othello ;
Léda m’en a donné sa parole de femme.
Le Seigneur d’Alpha de Cassiopée
Notre Soleil lui semble une faible chandelle,
Un fanal de misère, un lumignon filant ;
Mais il lit nos auteurs, et les trouve excellents,
Aucun des siens n’ayant d’inspiration si belle.
Tous les jours il apprend une chanson nouvelle,
Un sonnet de Ronsard, ou son équivalent,
Et sa plume en reçoit d’ailleurs un peu d’élan,
Comme s’il entendait une muse éternelle.
Puis il va dans son parc écouter les crapauds
Dont la douce chanson l’encourage au repos ;
Son coeur en est heureux, son âme en est ravie.
Envers ces batraciens ne montrant nul dédain,
Il échange avec eux quelques propos badins
Sur le pouvoir d’achat, sur le sens de la vie.
Loin de Poséidon
Ce moine solitaire, un enfant de Neptune,
Aurait pu occuper les plus dignes emplois ;
Il préfère accepter le fardeau de la Loi,
Ayant abandonné son goût pour la fortune.
Il a su vaincre aussi les pensées importunes,
Lui qui ne fut jamais un esclave des rois :
Il fredonne son psaume, il contemple la croix,
Puis il boit du vin frais aux heures opportunes.
Il ne rencontre pas d’agresseurs démentiels
Ni de monstres issus d’un monde artificiel ;
Il lit des oraisons, dans la paix de son âme.
Comme chacun de nous, ce moine doit mourir.
Le fils du charpentier viendra le secourir,
Il le préservera de l’infernale flamme.
Quatre têtes couronnées
Sous quatre rois, la récolte fut belle,
Merci à vous, monarques vertueux.
L’exécutif n’est pas défectueux :
Nos dirigeants nous sont vraiment fidèles.
L’habileté, pour vous, est naturelle,
C’est un talent que vous donnent les cieux,
Sincèrement, je ne ferais pas mieux ;
Admirons donc ces souverains modèles,
En premier lieu, pour leur honnêteté,
Puis pour leur sens de la fraternité ;
Ces quatre-là se gardent d’infamie.
Ce grand royaume, on ne peut l’ébranler,
Des citoyens les reines sont amies,
Que bonnes fées nous pouvons appeler.
Taureau extraverti
Ce taureau vigoureux vaque à ses amourettes ;
Je le vois visitant les pâturages verts,
Lançant de fiers regards et disant quelques vers :
Son coeur est enflammé par les vaches coquettes.
Muse, que feras-tu pour ce taureau poète ?
Pourras-tu l’inspirer sur des sujets divers,
Porteras-tu remède à ses quelques travers ?
L’écriture, en effet, n’est pas une amusette.
Au galant séducteur nous le voyons jouer,
Chantant des madrigaux jusqu’à s’en enrouer ;
À son emploi du temps, seul Cupidon préside.
Il a cueilli des fleurs pour en faire un présent,
Ça ne coûte pas cher, et c’est toujours plaisant,
Car le meilleur amour en ces bouquets réside.
Berger de l’être
Loin de la cour princière où sont les grandes fêtes,
Ce berger, qui toujours a sobrement vécu
Et jamais ne gagna plus de quelques écus
De sérénité fit, semble-t-il, la conquête.
Il erre par les bois, laissant libres ses bêtes,
Oubliant le désir qui par lui fut vaincu ;
Rien ne le contrarie, rien ne le pousse au cul,
Il flâne tout le jour, il n’en fait qu’à sa tête.
Or, cette liberté demande des efforts,
Car le désir surgit quand on le croyait mort,
Dont plusieurs noirs démons s’improvisent apôtres.
Mais un peu de tourment, ça vaut mieux que l’ennui,
C’est ainsi qu’autrefois nous a parlé celui
Qui instruisit Matthieu, Marc, Luc, Jean, parmi d’autres.
Planète Trou Noir
Sur la planète-trou sont des gens mensongers
Qui pratiquent entre eux des ruses immuables.
Quelques-uns aux photons se disent comparables,
Cet air de ressemblance, il n’est que passager.
D’autres sont, me dit-on, des neutrinos légers,
Imperceptibles corps, particules instables,
Et les derniers seraient à des protons semblables,
Dont quelquefois les quarks pourraient bien émerger.
La course de cet astre est fort mal assurée :
N’ayant pas de sortie, mais juste des entrées,
Son champ de gravité varie soudainement.
Un démon de Maxwell, par une issue secrète,
Sort pour impressionner la foule stupéfaite :
Mais nous pouvons lutter, grâce à nos sacrements.
Abraham et Ismaël
Ils sont sur un trajet qui sort des habitudes,
Abraham qui navigue avec son grand garçon,
Lequel sait manoeuvrer la nef d’incertitude
Allant vers l’inframonde où tous les diables sont.
Le patriarche craint la proche solitude ;
Mais l’eau du lac obscur, qui jamais ne répond,
Ne déploie envers lui nulle sollicitude.
De cette nef, le vent vient balayer le pont.
L’ordre venant de Dieu, toute révolte est vaine,
Lui qui sait mesurer nos plaisirs et nos peines,
Lui qui connaît le poids de chaque grain de sel.
Le vieillard n’est pas sombre et l’enfant n’est pas triste,
Dur est le grand couteau fourni par l’aciériste :
Dieu pour le retenir enverra Saint Michel.
Dame d’Alpha et d’Oméga
Dans la petite chambre abritant mon sommeil,
À mes quelques écrits méditant des retouches
Que dès le lendemain sur le papier je couche,
J’ai cru voir une dame aux bijoux de vermeil,
Porteuse d’un message à nul autre pareil
Que Teilhard de Chardin lui transmit de sa bouche,
Amateur de bons mots, théologien farouche,
Ami de l’Écriture, homme du clair soleil.
Teilhard nous a laissé de la poésie pure ;
Il ne disait jamais une parole dure,
Et dans cette indulgence est une vraie valeur.
D’Alpha et d’Oméga la rencontre amoureuse
Forme de l’Univers la chanson bienheureuse ;
Chaque lettre au jardin semble une fraîche fleur.
Ambidragon presque sobre
L’ambidragon se fait vieux
Qui son long passé contemple ;
Il perçoit de mieux en mieux
L’univers aux rythmes amples.
Il occupe un plaisant lieu,
S’efforçant d’être un exemple
Pour les jeunes sous les cieux ;
Mais la taverne est son temple.
Il rit comme un ignorant,
Avec l’âge, c’est courant,
Dès que blanchit la crinière ;
La journée tire à sa fin,
Douce comme la première
Rencontre avec du bon vin.
Vieil ambiloup
L’ambiloup décrépit ne fait aucun voyage,
Il prend des infusions pour débloquer ses reins ;
Il rêve à des trésors, à des monstres marins,
À des fiefs inconnus, à de lointains baillages.
Jadis, en maint endroit il laissa son sillage,
Même à Mittelbergheim, village du Bas-Rhin ;
Mais de rester chez lui le voilà tout serein,
Près d’une librairie qu’il peut mettre au pillage.
Il a depuis longtemps dépassé soixante ans,
Il peut même employer des mots de l’ancien temps,
C’est avec naturel, ce n’est pas pour la frime.
La dernière saison de l’âge, c’est l’hiver :
Un temps pour s’amuser avec deux ou trois rimes,
Évoquer le passé, narrer sa vie en vers.
Archer malhabile
Je vais avec mon arc où le devoir m’appelle ;
J’ai le mode d’emploi, tout écrit en latin ;
Mais ma main, cependant, tremble dès le matin,
Je suis loin, me dit-on, d’être un archer modèle.
Puis j’aime mieux flâner avec des jouvencelles,
Bergères sans malice aux jupons de satin ;
Mais si mon adjudant me convoque soudain,
J’abandonne à l’instant la fraîcheur des tonnelles.
L’ennemi comme avant se montre ; comme avant,
Les drapeaux orgueilleux s’agitent dans le vent,
La date de ma mort est encore inconnue.
Pourtant, je penserai toujours à Cordélia
Qui m’offrit sa présence au long de l’avenue,
— Frêle, parmi l’odeur douce du camélia.
Dieu des couteliers
À l’étage inférieur de sa maison de briques,
Le coutelier travaille au milieu d’un fatras ;
Il n’est pas forgeron, n’a pas d’énormes bras,
Mais il maîtrise bien les plans géométriques.
Or, même quand il est soûl comme une barrique,
Il n’en éprouve point de réel embarras ;
Quand il était petit, Vulcain lui conféra
Le secret de l’acier cubique et cylindrique.
Les grands sabres de fer, les bêches et les socs,
Tout travail réussit à sa fierté de coq,
Sa petite boutique est une armurerie.
Mais très peu d’apprentis montrent de l’intérêt
Pour son noble savoir, qui partout disparaît,
Il restera le seul de cette confrérie.
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