Sagesse du pluvian
+2
mikael
Cochonfucius
6 participants
Page 31 sur 40
Page 31 sur 40 • 1 ... 17 ... 30, 31, 32 ... 35 ... 40
Sirène de sinople
Sirène du lac, es-tu véritable ?
Ou te formes-tu des vapeurs du vin ?
Quand j’étais jeunot, vers moi tu t’en vins,
Un tel souvenir est inimitable.
Sur le bord du lac, je m’avance en vain,
La fin d’un beau songe est inévitable ;
Tu n’existais pas, c’est indubitable,
Ou tu disparus par décret divin.
Ainsi parlait un vieillard dans le vide,
Ne sachant pas si le temps est perfide ;
Un peu fatigué, digne cependant.
Or, ce vieux penseur, n’étant pas prospère,
Se sent dispensé (du moins, il l’espère)
Des jeux de hasard où l’on est perdant.
Saint Fonnik
Honneur à Saint Fonnik, il compose pour Dieu
Un cantique nouveau sur un air que j’ignore;
J’adore ce qu’il fait, lui qui Dieu seul adore,
La musique, d’ailleurs, ça repose les yeux.
La voix des instruments s’élève jusqu’aux cieux,
Dans d’autres univers elle résonne encore ;
Les anges sont pensifs, ils ne chantent pas mieux
Que ce magique orchestre entendu dès l’aurore.
Saint Fonnik, chantes-tu tes anciennes amours ?
Nous dis-tu simplement la joie de chaque jour
Dans ces nobles accords que transportent les ondes?
Si ton art musical t’a fait devenir saint,
C’est que le Créateur en avait le dessein,
Désirant illustrer la beauté de ce monde.
Ours de pourpre
Cet ours naquit dans le Connemara
Où s’affermit sa sauvage nature ;
Son âme est forte, et n’est pourtant pas dure,
Son coeur jamais n’eut rien de scélérat.
Or, dans son antre où nul ne pénétra,
Il a tracé de plaisantes figures,
Curieux reflets de la lumière obscure
Que, semble-t-il, nul homme ne verra.
Ce sont blasons de saphir et d’albâtre,
Étranges dieux, comme ont les idolâtres,
Dont sa demeure est peut-être le temple.
En ces couleurs n’est nulle vérité,
Mais l’ours de pourpre aime les abriter,
Qui de ses yeux leurs nuances contemple.
Avec la dame de carreau
En rêve, il voit la dame de carreau,
Lui qui se prend pour le valet de pique ;
Qui sait comment l’analyste l’explique ?
Fait-il quérir un Maître de Tarot ?
En rêve, il voit la cage sans barreaux,
Et, pour sortir, rédige une supplique
Sur un papier plutôt microscopique
Qui, semble-t-il, provient du Figaro.
Le valet change et devient cavalier,
Ou capitaine, ou moine hospitalier,
Renonçant à toutes ses exigences.
Ah ! que penser de ce sort inhumain ?
Comment sortir de ce mauvais chemin ?
De rien ne sert sa pauvre intelligence.
Approximation ornithologique
De gueules, ce corbeau montre un esprit tordu ;
Il invite un renard à boire du champagne,
Il dessine un blason pour Anne de Bretagne,
À sa branche il se tient comme un cochon pendu.
C’est un corbeau rustique, un corbeau de montagne,
Il avait des trésors, mais il les a perdus
Au début du printemps, quand la neige a fondu ;
Alors il se console en mangeant des lasagnes.
Il ne sait pas pétrir le pain de sarrasin,
Il ne sait pas non plus vendanger le raisin,
Mais au jardin, il peut arracher des carottes ;
Potager qu’il humecte avec son arrosoir,
Chaque fois qu’il le fait, d’ailleurs, ça fait pleuvoir,
Pour protéger ses pieds, il doit porter des bottes.
Sagesse de l’alouette
L’alouette entendit les matines sonner,
Rappelant leur devoir aux moines périssables.
Du tintement, elle eut un plaisir véritable
Auprès de ce clocher finement maçonné.
Car l’esprit d’un oiseau, lentement façonné
Jusqu’à connaître enfin des chants incomparables,
Apprend à respecter tout ce qui est durable,
Mais les herbes aussi, que l’on doit moissonner.
L’alouette a chanté, s’éloignant de la terre,
Maîtresse du ramage et de l’art de se taire ;
Choses que les oiseaux savent depuis toujours.
Or, j’entends aujourd’hui le chant de l’alouette :
C’est ce chant qui m’apprit mon métier de poète
Au temps où je goûtais la primeur de mes jours.
Saint Esthète
Prenons-le par son bon côté,
Car il est gentil, Saint Esthète,
Il ne se prend jamais la tête,
Ce citoyen sans vanité.
Il parle avec les fleurs d’été,
Avec le Concombre-Poète,
Avec tous ceux qui sont en quête
De l’inexprimable Beauté.
Il trace des portraits de femmes
Dont le regard est une flamme ;
Il ne craint pas l’Ange du Mal.
Il goûte à la douceur des choses,
Comme fait un doux animal ;
Il prie en vers, il prie en prose.
Oiseau de Sarlat
Il eut pour protégé l’évêque Saint Germain
Auquel il a donné plusieurs leçons bourrues ;
Son nom au grand jamais ne devint nom de rue,
Oiseau des temps lointains, oiseau sans lendemain.
L’évêque lui donna des sonnets de sa main,
Saintes compositions aujourd’hui disparues ;
Mais il les a montrés à la Baronne Grue,
Pleine d’admiration pour ces beaux parchemins.
Quant à ce que valait cette littérature,
Un tel questionnement n’est pas dans ma nature,
Je ne me place pas dans de tels embarras.
L’homme d’Église avait fine plume, sans doute,
Mais son texte est perdu, donc nul ne le saura ;
Il a guidé parfois cet oiseau sur sa route.
Sagesse du tournesol
Le tournesol le sait, le soleil va partir
Et, pour toute une nuit, rejoindre une autre rive ;
Puis l’horizon de l’Est le verra revenir
Et caresser la fleur de sa lumière vive.
Moi-même, je ressemble à cette fleur pensive
Qui songe calmement à son proche avenir ;
Recevant avec joie le soleil qui arrive
Et ne craignant jamais le temps de s’endormir.
Du tournesol, la lune est une autre maîtresse,
Un astre bienveillant qui prouva sa noblesse
Par l’accueil qu’elle fit aux hommes désarmés.
De lune et de soleil tournesol est aimé,
Même s’il a perdu sa première jeunesse,
Et s’il sait qu’il devra bientôt se refermer.
Amazone matinale
L’amazone, ayant bu un grand bol de thé vert,
Nous chante une chanson par elle composée
Dont les paroles sont légèrement osées,
Mais sans inconvénient pour un esprit ouvert.
La mélodie en est tendre comme rosée ;
Le rythme, par instants, est vif comme l’éclair.
Amazone, ma soeur, que tes accents sont clairs
Et que ton ironie est savamment dosée !
Tu chantes pour les rois et pour les braves gens,
Pour ceux que divertit ton style dérangeant :
«Élégance», chez toi, rime avec «insolence».
Envers toi, je le crois, nul ne sera méchant,
Car nobles et valets ont besoin de ton chant :
Mais je les vois aussi écouter ton silence.
Château perdu
Un escargot son château doit laisser,
Je ne sais pas si c’est ce qu’il désire ;
Il a prévu de parcourir l’Empire,
Ce sera long, mais il n’est pas pressé.
Il combattra ceux qui l’ont offensé,
C’est sa promesse, il ne peut s’en dédire :
Noir est l’exil, le déshonneur est pire.
Il dit adieu à tout son cher passé.
Cet escargot ne craint pas les épreuves,
De la potion des Gaulois il s’abreuve,
Donnant l’assaut et poussant des clameurs.
Un dieu vaillant conduit sa destinée ;
Nous admirons cette bête obstinée
Dont le courage au grand jamais ne meurt.
Manuscrit d’une vestale
Sur le cahier de la vestale
Ne figure aucun ornement ;
Ni les astres du firmament,
Ni les tours de la capitale.
Pas de prose sentimentale,
Pas de discours pour les amants ;
Car elle y inscrit seulement
Des sentences fondamentales.
Or, son encre n’est pas de sable
Ni de sinople impérissable,
Mais de gueules, comme un fruit mûr.
Je vois courir sa plume vive :
Un vieux poème se ravive !
J’aime la vestale d’azur.
Blé de sinople
Un carré de sinople est une douce chose :
D’amateurs de blé mûr l’univers est peuplé,
Mais moi, c’est le blé vert que j’aime contempler,
J’ai toujours aimé ça, j’en ignore la cause.
J’aime la marguerite, et j’aime aussi la rose ;
Par-dessus tout, j’admire un champ de jeune blé ;
Quelques coquelicots, dans ce champ rassemblés,
En rehaussent le ton de leur splendeur éclose.
Le blé jeune, entouré d’un paisible horizon,
Ne craint pas du soleil la flamme ou le tison ;
Les oiseaux du bosquet l’éveillent à l’aurore.
J’aime ce qui est vert, ce n’est pas un hasard,
Même si cela tient à des lois que j’ignore :
Ce sinople éclatant semble un effet de l’art.
Sagesse du lys
Du lys la blanche âme s’élève,
Âme qui surmonte la peur.
Ce lys, dit-on, n’a pas de coeur,
Car il existe dans un rêve.
Il sait que sa vie sera brève,
N’a cure des reflets trompeurs ;
Car il sera le lys vainqueur
Défilant au long de la grève.
Or, ses fleurs tombent une à une
Sur le reflet du firmament,
Et tombent éternellement ;
Leur songe étant fils du soleil
Jamais ne trouve son éveil
Dans l’eau du rêve ou dans la lune.
Vestale à plumes
Elle parcourt le ciel, l’été comme l’hiver ;
Supérieure à Vénus dans sa splendeur nacrée ;
Auprès du littoral noyé par la marée,
Elle va s’installer au creux d’un arbre vert.
Son âme est sans secret, son coeur n’est pas amer,
En rêve elle revoit son enfance dorée ;
Elle, par ses amours jamais désespérée,
Partage les chansons des filles de la mer.
Un oiseau la salue en sa langue sonore,
L’écho reprend la phrase et la répète encore ;
De la noire cigale on entend la clameur.
Les faunes du verger ont le coeur trop plein d’elle,
N’osant point aborder la vestale éternelle ;
Et de leurs mots d’amour résonne la rumeur.
Fleur des loups d’azur
Fleur de gueules, par ta présence,
Tu rassures ces deux loups bleus :
Car ils furent tes amoureux,
De Mai cet amour prit naissance.
Comment vivront-ils ton absence,
Et qui donc fleurira pour eux ?
Ils resteront seuls, tous les deux,
Ayant de toi la souvenance.
Ni la pensée, ni le souci
Ne viendront consoler ici
Ces pauvres âmes oppressées ;
Des loups, cet amoureux savoir
N’a pas fait que les décevoir :
Jamais ils ne t’ont délaissée.
Le seigneur de Marfak
Il a désordonné son groupe de planètes ;
Je n’ose imaginer ce que sera leur sort,
Elles vont, emportant les vivants et les morts,
Et quelques dirigeants, individus honnêtes.
Le seigneur de Marfak est diseur de sornettes ;
Aucun des courtisans ne lui donnera tort,
Ni le chien fatigué, ni le vieux chat qui dort ;
Le Maître est affaibli, mais il reste aux manettes.
Toute une galaxie dans l’entropie se noie,
Cela n’affecte pas le malheur, ni la la joie ;
Et c’est un beau sujet pour aligner des vers.
Les astres égarés sont comme des moustiques
Parcourant un jardin en orbes fantastiques,
L’astronome renonce à vouloir y voir clair.
Seigneur Blaireau d’azur
C’est un blaireau qui n’a rien de funeste ;
Chez Margoton, il va, de son pas lent,
Qui volontiers lui propose des restes
Des gueuletons qu’elle offre à ses galants.
Il est heureux, cet animal modeste,
Plus que ne l’est le pape en habit blanc ;
Il boit un coup, il dit des blagues lestes,
Pour l’avenir il n’a que des bons plans.
Si au trépas son corps enfin succombe,
Il peut bien faire un terrier de sa tombe ;
Sûr que jamais n’y viendra nul démon.
Si aux enfers son âme est emportée,
Qu’un dieu jadis façonna du limon,
De l’inframonde il sera Prométhée.
Arboripisciculture
L’arbre surgit de l’eau dans une clarté grise ;
Un poisson vient danser dans l’aurore qui luit,
Vainement poursuivant un insecte qui fuit.
La sirène a rêvé d’une lointaine église.
Arbre, insecte, poisson, ils ne font aucun bruit,
La sirène d’ailleurs en est un peu surprise ;
Contemplant longuement une vague qui frise,
Elle retrouve un peu des rêves de la nuit.
Les oiseaux migrateurs passeront tout à l’heure,
Étant sur le chemin de leur autre demeure,
Sauf, bien évidemment, ceux qui ont trépassé.
Non loin de cette plage est un froid cimetière
Où peut-être, un errant repose un corps lassé,
Tu nous offres tout ça, planète hospitalière.
Bûcheron-sculpteur
Quand il n’a pas de bûche, il tronçonne une rame ;
Je vois sa production, statues de belles femmes:
C’est un travail soigné, l’endroit comme l’envers,
Que j’aime célébrer au long de quelques vers.
Au curé de ces lieux, tu offris Notre Dame ;
Et pour moi tu sculptas, légère comme l’air,
Une muse aux grands yeux qui peut ravir mon âme,
Mais tu sais faire aussi de grands démons de fer.
Nous aimons visiter ton atelier superbe,
Entrer dans ton jardin pour déjeuner sur l’herbe,
Goûter de ton verger les fruits non défendus.
Je n’ai pas d’atelier, je sculpte des pensées,
Des fleurs à bon marché, n’importe où ramassées ;
Des fleurs, ou quelquefois un bout de bois tordu.
Chaudron miraculeux
Le rouge chaudron invisible
N’est vu que par quelques oiseaux
Qui ne le trouvent pas nouveau ;
Car ces oiseaux sont insensibles.
En écoutant leur chant terrible,
Ce chaudron perd toute son eau ;
Il voudrait devenir vaisseau
Pour voguer vers des lieux paisibles.
Chaudron de vie, chaudron de mort,
Jamais on n’y cuira du porc,
Ni le produit d’aucune chasse.
Forgé par un druide inconstant,
Il rouille d’instant en instant :
Dur est pour lui le temps qui passe.
Le seigneur Caracal
Du seigneur Caracal, l’esprit fut agité
D’un nombre indéfini de questions éternelles ;
Tout en étant d’accord que sa vie était belle,
Il se plongeait aussi dans des perplexités.
Il voyait Cupidon partir à tire-d’aile,
L’ondine disparaître avec agilité,
Le corbeau s’esquiver avec rapidité,
La cigogne s’enfuir, ainsi que l’hirondelle.
Il avance en rêvant dans l’atmosphère pure,
Car, dans son vieux domaine, il n’est point de souillures,
Un reflet de l’Eden se présente à ses yeux.
Dans le nocturne ciel naviguent d’autres sphères ;
Les planètes aussi ne sont que passagères,
Et ce nuage noir traversant le ciel bleu.
Seigneur Castor de sinople
Ce castor entretient un rêve de puissance ;
Et c’est un sceptre d’or qu’il veut tenir en main.
Il a déjà séduit tous les rongeurs de France,
Sur la planète il veut régner par droit divin.
Mais cet humble animal, de modeste naissance,
Pour être notre roi s’agite-t-il en vain ?
Lui qui croit à son peuple et à la Providence,
De son triomphe a-t-il aperçu le chemin?
Il dit qu’il est honnête et songe à la patrie,
Qu’il sera notre épée et notre bouclier ;
Qu’il combattra le mal, ainsi qu’un Templier ;
Castor, mon compagnon, vis donc plutôt ta vie,
Profite du poisson, profite du beau temps ;
Surtout, retrouve un peu de ton âme d’enfant.
Goupil de proie
Le goupil part en chasse au travers des vallons,
Dévorant des poussins et des perdrix sans nombre ;
Il est craint des oiseaux, ce prédateur de l’ombre,
Et n’a jamais séduit de petit prince blond.
Une vipère, en vain, veut mordre son talon;
Le chanceux carnassier s’en tire sans encombre,
Et parcourt à nouveau, dans la nuit chaude et sombre,
L’interminable plaine, aimée des étalons.
Par l’âge sa vigueur n’est pas diminuée,
Son fier esprit n’est pas perdu dans les nuées,
Mais toujours il poursuit la poule éperdument.
Le coq, en le voyant, son bel honneur ravale ;
Affronter l’adversaire, il n’y tient nullement,
Il n’est pas le plus fort, alors il se cavale.
Duc du mur du Nord
Voici le Duc du mur du Nord
Qui goûte le bon vin, sans trêve :
Ça lui procure de beaux rêves,
Mais aussi des rêves de mort ;
Il ne craint pas le vent qui mord
Son créneau par rafales brèves,
Ni l’averse qui parfois crève,
Emplissant l’étang jusqu’au bord.
Il aime les boissons limpides,
Ce n’est pas un buveur rapide,
Il aime aussi chanter des vers ;
J’ai lu son nom dans un vieux livre,
Ce vieux seigneur en habit vert
Qui m’apprit le plaisir de vivre.
Page 31 sur 40 • 1 ... 17 ... 30, 31, 32 ... 35 ... 40
Sujets similaires
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
Page 31 sur 40
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum