Patrick Modiano Prix Nobel !

[Bulle]

Patrick Modiano : Prix Nobel de Littérature ...



Une phrase marquante et qui est pour ainsi dire (de mon point de vue) le fondement de sont oeuvre : "Je n'avais que vingt ans, mais ma mémoire précédait ma naissance. J'étais sûr, par exemple, d'avoir vécu dans le Paris de l'Occupation puisque je me souvenais de certains personnages de cette époque et de détails infimes et troublants, de ceux qu'aucun livre d'histoire ne mentionne. Pourtant, j'essayais de lutter contre la pesanteur qui me tirait en arrière, et rêvais de me délivrer d'une mémoire empoisonnée." (Le Livret de Famille - Ed Galimard - 1981 - p 116).
Un auteur pour moi absolument fascinant ...  

[JO]

Je réalise que je n'ai jamais rien lu de lui . Je vais m'y mettre . Quand il était jeune, il était "à la mode", mais ces engouements littéraires sombrent souvent dans l'oubli . Je suis donc passée à côté sans y aller voir .

[Bulle]

Jo,  ma première lecture fut "Place de l'Etoile" (un "devoir de vacances" qui demandait de lire et critiquer un "prix" et qui m'a scotchée quant au style d'écriture   ) ; ensuite j'ai lu "Rue des boutiques obscures" puis "Livret de famille"...

[JO]

Le style, c'est très important. Il ajoute au bonheur intellectuel, un plaisir qui tient de la musique .

[Bulle]

Tout à fait JO. Pour moi Modiano a quelque chose d'envoûtant.
Ce qui est curieux d'ailleurs c'est que des auteurs totalement différents puissent produire un effet similaire ; tout se passe comme si en chacun de nous il y avait une sorte d'instrument de musique avec des touches sur lesquelles ces auteurs venaient appuyer : un son, ou plutôt une vibration en ressort.
Et c'est cela qui fait qu'un livre soit une oeuvre : elle parle, d'une manière différente à chacun mais elle parle en sachant toucher et transmettre quelque chose à l'individualité que nous sommes.
Grâce au pot commun d'humanité qu'il y a en chacun : nous avons en commun d'avoir été des enfants, aux peurs et insécurités identiques quelque soit la vie de chacun

[pierre_b]

je n'ai lu que "rue des boutiques obscures"... mais y'a tant de trucs que je n'ai pas lu...

[bulder]

la 1ère fois que je l'ai entendu, dans un reportage, il ne terminait jamais ses phrases, jamais j'aurais pu croire qu'il soit nobélisé et lors de sa remise dans son discours, chaque phrase était terminée

[Bulle]

C'est vrai qu'il est très difficile à suivre à l'oral !

[mikael]

Il crée une atmosphère de nostalgie poignante, et avec un style dépouillé qui évite tous les clichés et mots à la mode : c'est un bonheur que de le lire.

A contrario, quand j'ai feuilleté un livre historique de Max Gallo, j'ai refermé au bout de deux pages : il ne sait pas écrire. Pour le summum du style, voir (selon moi) Julien Gracq, mon illustre collègue.

[Bulle]

Je plussoie mikael
(Mais, j'ai personnellement un peu de mal avec Gracq...)